mastouille.fr est l'un des nombreux serveurs Mastodon indépendants que vous pouvez utiliser pour participer au fédiverse.
Mastouille est une instance Mastodon durable, ouverte, et hébergée en France.

Administré par :

Statistiques du serveur :

711
comptes actifs
Tibobé a partagé

Les familles ne sont pas préparées à se confronter à la maladie mentale. Ma belle-famille en tous cas était particulièrement mal armée pour cette confrontation.

Vers l’âge de 55 ans, mon beau-père Lucien a commencé à saouler copieusement ma belle-mère Odette.

Affublée d’ordinaire d’un mari taiseux et calme, un peu dépressif, Odette trouvait Lucien de plus en plus entreprenant dans tous les sens du terme.

Il y avait eu quelques précédents par le passé, mais cette fois ci, elle le trouvait carrément pénible. Elle préférait manifestement son état dépressif, assis dans son fauteuil, et silencieux, vu qu’elle n’avait aucune difficulté à parler pour deux.

Mais voilà, il fallait bien faire avec son bonhomme de plus en plus excité, de plus en plus bavard, de plus en plus actif.

Nous n’étions pas sur place, mais nous avions bien remarqué lors de nos passages, que Lucien était dans une forme olympique, qu’il débordait d’idées et de projets, à la limite de l’excès de vitesse.

Mais c’était drôle, il faisait des blagues, il racontait plein d’histoires, ça faisait presque plaisir à voir, vraiment Odette quelle emmerdeuse, Lucien avait l’air si heureux.

Au fil des mois, Odette s’est lamentée de plus en plus fort, elle nous disait que Lucien devenait agressif.

Il s’était mis dans la tête qu’Odette avait une liaison avec Jean-Paul, le voisin bien gentil qui venait faire le jardin. C’était hautement farfelu, pour ceux qui connaissaient Odette, comme pour ceux qui connaissaient Jean-Paul. En attendant, Lucien avait foutu Jean-Paul dehors en l’invitant fermement à s’occuper de ses propres salades.

Nous nous sommes rapprochés géographiquement, nous avons pu voir que la situation se compliquait.

Lucien ne dormait plus, vraiment plus. Il avait promis d’aller voir le docteur et Odette avait confirmé qu’il y était bien allé. Le docteur n’avait rien dit de spécial selon Odette, ni cette fois, ni les fois suivantes parce qu’il avait bien fallu y retourner.

Car Lucien ne dormait toujours pas. Il avait commencé un projet de démolition de la cheminée dans le salon, la moitié de la cheminée était par terre. Il passait des heures à déplacer des objets, le jour et la nuit. Il avait transformé le jardin en foire à la poterie pour son projet de récupération des eaux de pluie. Il avait contacté une agence immobilière pour acheter la maison de la mère Minaud partie en maison de retraite, et décidé de mettre la maison familiale en vente. De toute façon, leur vieille maison était pleine d’escaliers, ce n’était pas bien pour Odette, elle serait bien mieux dans la maison de la mère Minaud, il en était sûr.

Odette était fatiguée, elle n’avait toujours pas digéré « l’épisode Jean-Paul », qui revenait de façon obsessionnelle dans ses monologues marmonnés dans sa cuisine : pensez-vous, à mon âge, comme si j’avais la tête à ça, alors que c’est tout le contraire, faut plus me parler des bonshommes merci bien, je lui pardonnerai jamais au Lucien de m’avoir mis la honte comme ça.

Et puis Lucien a commencé à partir sans prévenir pendant des heures. Puis à se promener dehors tout nu pendant la nuit, deux fois.

Personne ne savait quoi faire, la moitié des frères était dans le camp d’Odette, hostile à Lucien et ses lubies. L’autre moitié était dans le camp de Lucien, hostile à Odette qui avait emmerdé Lucien toute sa vie, après tout il avait bien le droit de faire enfin ce qu’il voulait.

Nous on était au milieu, le frère plus jeune n’avait pas voix au chapitre, c’était les deux aînés qui savaient, chacun dans son camp.

Nous avons décidé d’appeler le médecin sans demander l’avis des autres, qu’est ce qu’il fichait ce foutu médecin bon sang ? Le médecin nous a collés au mur : Qu’est ce qu’on attendait, ça faisait des mois qu’il disait à Odette qu’il fallait emmener Lucien consulter un psychiatre parce qu’il souffrait probablement de maniaco-dépression. A l’époque, on ne disait pas trouble bipolaire.

On l’a annoncé aux frères, ils ont moyennement compris. On a imprimé des articles de vulgarisation sur la psychose maniaco dépressive pour en parler. Ils nous ont regardé de travers, on les prenait pour des cons ? c’est bon ils avaient compris.

Ce n’était pourtant pas bien clair dans les discours, la moitié qui supportait Odette continuait à en vouloir à Lucien comme s’il y pouvait quelque chose, et l’autre moitié continuait à dire que tout ça c’était de la faute d’Odette.

Odette continuait quant à elle à ne pas comprendre, la psychose était absolument en dehors de toutes ses représentations mentales.

Il a fallu hospitaliser Lucien, tous les frères, unis, ont réussi à se rassembler dans la maison parentale le jour où on l’a emmené.

Lucien est resté quelques semaines à l’hôpital.

Le psychiatre de l’hôpital nous a tenus à distance, la famille est présumée pathogène, elle n’est pas bienvenue pendant toute la première partie de l’hospitalisation. On ne nous a pas beaucoup expliqué. Nous sommes devenus indésirables. Il a fallu se battre pour décrocher un rendez-vous, qu’on ne nous a concédé qu’en fin de séjour.

En attendant, j’allais voir Lucien quand c’était autorisé. Il me racontait qu’il était bien, qu’il avait le droit d’aller se promener dans le parc de l’hôpital, il avait même réussi à aller jusqu’à une concession automobile pas loin de l’hôpital pour commander une nouvelle voiture. Les achats compulsifs … ça fait partie de la maladie, c’est un des problèmes à régler, dans une famille où Odette a toujours compté chaque sou de leurs misérables retraites agricoles.

Ah et puis, il ne voulait pas trop me le dire mais il n’avait plus le choix, il avait un secret qu’il ne voulait confier qu’à moi si je promettais de ne le répéter à personne, surtout pas à ses fils.

J’ai promis. Lucien avait acheté 4 vaches en cachette. Elles étaient dans les prés d’un agriculteur pas loin de leur village, et elles étaient sur le point de vêler d’un jour à l’autre. Il fallait que je m’en occupe en urgence, lui ne pouvait pas le faire de l’hôpital. Il m’a dit où il avait caché les papiers des vaches pour que je gère le vêlage. J’ai trahi la promesse, j’ai trahi le secret, on a vendu les vaches à l’agriculteur en urgence.

Puis Lucien est revenu à la maison, avec un traitement au lithium pour réguler l’humeur. Odette n’était pas ravie, elle avait eu peur, elle serait bien restée tranquille plus longtemps.

Lucien est revenu abruti par son traitement, il est de nouveau resté assis dans son fauteuil, Odette a pu recommencer à parler pour deux. Elle a dit à tout le monde que ça allait mieux depuis que Lucien prenait un médicament contre la jalousie.

Le dosage du lithium a été long. Au fil du temps, Lucien a trouvé un certain équilibre. Mais il y a eu des rechutes, des phases maniaques de nouveau débordantes, et il y a eu d’autres hospitalisations.

La bipolarité est une maladie dégueulasse. Quand Lucien allait bien, recommençait à rire et à raconter des histoires, il fallait commencer à s’inquiéter.

Odette a continué à subir la maladie sans trop comprendre.

A sa dernière sortie d’hôpital, Odette n’a pas voulu reprendre Lucien, elle a dit qu’elle en mourrait si ça devait recommencer.

Lucien est donc allé dans une maison de retraite. Odette venait le voir régulièrement et Lucien était content. Il est devenu ami avec un voisin de chambre, tous les dimanches matins ils chantaient ensemble à tue tête les chants de la messe à la télé. Seulement pour le plaisir de chanter, Lucien n’est jamais allé à la messe en vrai.

Lucien ne s’est jamais plaint, il n’a plus fait de crise maniaque et il a trouvé l’apaisement.

Aujourd’hui Lucien est mort. Odette a tout oublié, elle a la maladie d’Alzheimer.

Aujourd’hui c’est la bipolarité du plus jeune frère qui nous préoccupe. Il était encore enfant quand Lucien a été diagnostiqué. Il a déclaré la maladie plus tard, à 22 ans, et de façon ultra violente mais c’est une autre histoire. Il maitrise beaucoup mieux la maladie que son père, ce n’est plus la même époque, ni le même milieu. Pourtant, il souffre encore quand l’équilibre se rompt. En ce moment, il traverse une phase maniaque. Nous, la famille, on n’est guère plus à la hauteur qu’avant.

Ce mois d’avril 2025, Nicolas Demorand a révélé souffrir de bipolarité.

C’est important. Il dit les mots, il met de la lumière sur cette maladie. Certaines personnes comprendront mieux. Ses paroles auront probablement plus d’effets que la déclaration d’intention de faire de la maladie mentale la grande cause de l’année 2025, dont l’impact est encore invisible, enfin moi je ne l’ai pas vu.

Merci donc à Nicolas Demorand. C’est lui qui m’a donné envie de parler de Lucien.

Pensées d’amour à Lucien et à tous les malades ❤️

(Encore pardon Lucien, pour le secret des vaches)

https://mollette.vivaldi.net/2025/04/23/dun-pole-a-lautre/

BLA BLA BLA · D’un pôle à l’autreLes familles ne sont pas préparées à se confronter à la maladie mentale. Ma belle-famille en tous cas était particulièrement mal armée pour cette confrontation. Vers l’âge de 55 ans…
Tibobé a partagé

#JeRecrute

Est ce que le fedivers sécu peut m'aider à trouver ma/mon future collègue dans la Purple 🟣 team Lucca ?

TL;DR :
- 3 à 8 ans d'XP requis en pentest ou red team
- 63 et 75K€ fixes bruts
- Full remote possible, bureaux à Paris, Nantes, Marseille, mais surtout la meilleure de toutes les villes : Bordeaux !

Je détaille dans le 🧵

Tibobé a partagé

L'échange tendu de cet après-midi à la maison blanche entre Trump, JD Vance et Zelensky, ici dans la longueur avec une trad simultanée en français, pour s'en faire une idée plus précise qu'à travers les extraits des JT. La conférence de presse a été annulée. À suivre.
youtube.com/watch?v=VGb4tjnqpd

Tibobé a partagé

Bon, bah les ami.es, dans un mois, je suis disponible en tant que freelance pour... plein de trucs, en fait 😅

J'ai un passé de développeur en #Python et #Go (7 ans+). J'ai un passé de #DevOps (3 ans). J'ai un passé d'architecture système et réseau (12 ans). J'ai même un passé d'auditeur en sécurité (2 ans) et de chercheur en sécurité réseau avec de la crypto dedans (5 ans). J'ai aussi assuré un certain nombre de formations, notamment en sécurité informatique (#DNSSEC, identité et authentification, administration sécurisée, sécurité web, git, IPFS...)

Je tiens un blog (broken-by-design.fr) et un podcast (pod.broken-by-design.fr).

Je bouffe du Terraform au petit dej ; j'adore taffer sur des technologies immuables (notamment Fedora CoreOS mais Flatcar m'a fait beaucoup de pied, récemment) ; systemd, c'est la vie.

Voilà, si vous m'avez pas bloqué avec cette dernière affirmation, et que vous avez besoin d'un coup de main sur vos projets, venez on discute !

Le boost est doux 💗

broken-by-design.frBroken by DesignSecurity specialists have this tendency to focus on the most mundane things, and overthink them to the point where they may actually find something interesting to say about them.
Tibobé a partagé

On recrute un·e animateurice en programmation pour des jeunes (âge collège/lycée) à l'asso Jeunes-Science #Bordeaux.

Tous les samedis (hors vacances scolaires), 14h-18h, à partir de mars. (SMIC horaire pour 5h/semaine)

Pas besoin d'être expert·e, si vous êtes étudiant·e en informatique c'est parfait. Il s'agit d'accompagner les projets des jeunes.
On fait souvent des jeux en Python/Pygame mais d'autres technos sont bienvenues.

Contactez-moi en privé si ça vous intéresse.

Tibobé a partagé

Imagine, l'autre gros bonhomme orange outre-atlantique qui décide de bannir les comptes européens des clouds US, juste comme ça, parce que. D'un coup tu perds l'accès à tes emails, tes données, tes serveurs. Et tu pries que tes sauvegardes fonctionnent. Si tu en as.

Bon, ça sera peut-être pas si extrême, juste x2 au niveau des tarifs 🙃

Tibobé a partagé
Le fameux "j'ai rien à cacher" commence à prendre un peu de plomb dans l'aile avec les tarés aux USA.

Ce qui est con, c'est que toutes ces données, maintenant, elles sont sur les serveurs des serviteurs du taré blond, et elles vont pas s'en aller comme ça.