Empire of Light (Sam Mendes)
Je ne m’attendais pas à grand chose en allant voir ce film, mais Sam Mendes et Olivia Colman me suffisaient. Hu hu hu. J’ai bien fait car je confirme que le talent de cinéaste de Sam Mendes et de comédienne d’Olivia Colman me suffisent bien, et quand en plus on découvre un fabuleux Micheal Ward, bah ça le fait encore plus !
Le film n’est pas sans défaut ni maladresse, mais je ne sais pas pourquoi il m’a complètement conquis. L’histoire se déroule dans une ville balnéaire (le film est tourné à Margate dans le Kent) genre Le Touquet dans les années 80 dans le sud de l’Angleterre. Hilary (Olivia Colman) travaille dans un immense cinéma, le Empire, qui n’est que l’ombre de ce qu’il a été dans le passé, tandis qu’un nouveau et jeune employé arrive, Stephen (Micheal Ward). Les deux se rapprochent contre toute attente, et vivent une romance curieuse. Mais chacun d’eux poursuit son propre cheminement et affronte ses difficultés.
C’est bien ce qui est curieux dans ce film, c’est qu’il y a plusieurs intrigues, et que cela se voit presque un peu trop. Je ne sais pas si c’est un défaut d’écriture ou un procédé sciemment employé, mais on suit l’histoire d’Hilary, et on se dit que ça ne suffit pas à faire un film, puis il y a la rencontre amoureuse, ah ok oui ça rajoute un truc, puis la suite d’Hilary, ah oui d’accord y’a un peu plus de matière, puis l’histoire de Stephen, et là bah d’accord ça fait un film. Mais le lien entre tout cela reste un peu ténu et on obtient parfois l’impression d’une œuvre un peu rapiécée ou rafistolée.
Mais ce qui fonctionne trop bien c’est que le cinéaste déploie un talent hallucinant pour filmer cette bourgade du bord de mer avec un temps bien anglais, et qu’il semble y avoir une alchimie pas possible avec Olivia Colman. Et comme Micheal Ward est très bon également, même les aspects les plus bancals du film ont eu tendance à me convaincre. Et puis il y a le cinéma, ce bâtiment des temps anciens, quand le cinéma était un temple (de lumière…), et où il réside encore un peu de magie malgré les étages désaffectés, la moquette élimée, et le directeur vicelard (très bon Colin Firth également).
Olivia Colman est incroyable, vraiment bluffante, et j’ai rarement vu meilleure incarnation d’une lutte contre la maladie mentale. Il y a les médocs qui aident mais qui annihilent toute forme d’humeur ou de « quête de soi », l’arrêt des médicament qui permet une échappatoire, une liberté relative et illusoire, et puis la crise qui croît peu à peu et finit par tout emporter sur son passage. La comédienne est vraiment parfaite et crédible, et elle arrive à exprimer par son regard une kyrielle d’émotions, son mal-être et ses espoirs déçus, ses amours désenchantées. On pourrait penser qu’une telle chose ne soit possible que par une description littéraire, mais un cinéaste d’exception et une actrice de cette trempe réussissent cette prouesse.
L’intrigue plus spécifique de Micheal Ward qui est illustrée par une violente attaque raciste nous ramène à un fait plus brutal et prosaïque que jamais, et le film joue vraiment sur un choc auquel on ne s’attend pas forcément. Lui est également très très talentueux, et j’espère bien le revoir prochainement. On s’attache vraiment très fortement à ces deux personnages, dont la rencontre est aussi improbable que passionnelle.
C’est vraiment cette juxtaposition d’intrigues qui reste un truc qui me turlupine, sans savoir si c’est bien ou pas. En tout cas, je n’ai pas vu le temps passer, et les images étaient superbes, et les comédien·ne·s aussi.
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