#20jours20souvenirs - Jour 14 - Deux mille onze
Deux mille onze, curieux titre me direz-vous? Comme chacun je suppose, il y a une année dans notre vie qui marque un basculement, un bouleversement, un changement de paradigme... Deux mille onze fut cette année particulière pour moi... Une drôle d'année, une Annus horribilis pourrait-on dire!
Six janvier
La veille, j'avais reçu comme cadeau un nouvel appareil photo (que je possède toujours et qui fonctionne toujours d'ailleurs) et j'avais encore fait quelques photos à Arlon pour le tester. L'hiver 2010-2011 avait été particulièrement rude avec beaucoup de neige.
Vue sur la campagne arlonaise depuis la Knippchen encore sous un manteau blanc
Il est très tôt lorsque je me mets en marche pour aller au dépôt; je fais le service 002 qui commence à 3 heures 30. Je n'ai pas loin pour aller de chez moi au dépôt. Ce matin là, le redoux a commencé et il pleut mais sur un sol bien gelé encore... J'use d'une prudence de sioux pour éviter de glisser et tomber... Je passe le premier coin sans encombre... Un peu plus loin, le trottoir est assez bien dégagé mais mal éclairé... Un instant de distraction et "bardaf, c'est l'embardée"! Tout va très vite... lorsque je reprends mes esprits, mon parapluie à la main droite, étalé sur le sol sur le dos, je vois mon pied droit qui est à 45 degré vers la droite... Le choc le fait se redresser mais je comprends de suite que je n'irai pas plus loin... J'appelle donc le dépôt pour signaler que je vais devoir me rendre à l'hôpital... qui n'est qu'à cinq minutes de chez moi... J'avais un ami qui avait passé quelques jours pour les fêtes et qui heureusement avait son GSM allumé... Je l'ai appelé et il est venu me chercher pour me ramener jusqu'en bas de chez moi pour attendre au sec l'ambulance...
Arrivé aux urgences, l'urgentiste a enlevé ma bottine de sécurité et même avant la radio, il était acquis que c'était les ligaments qui avaient tout pris... Restait à savoir si j'allais être opéré en urgence, je finis donc la nuit sur un lit d'hôpital et le matin, le chirurgien passa pour m'annoncer qu'on m’opérerait le lendemain... Je fus ramené en ambulance en emportant une paire de béquille, le pied bandé et interdiction de le poser au sol!
Le vendredi, je fus donc opéré à dix-neuf heures (au lieu de midi!) et là, le chirurgien m'expliqua que les lésions étaient très graves et... très rares! (Une spécialité chez moi!) et que pour le même prix, j'aurais pu me retrouver entre quatre planches... En effet, en tombant à la renverse, j'aurais pu cogner fort sur le sol avec le crâne mais heureusement, mon sac à dos à amorti la chute (et je n'ai même pas explosé la machine de contrôle, une sorte de grosse tablette informatique...).
L'ami qui était chez moi, a prévenu mes parents qui ont été, comme à leur habitude en-dessous de tout... Pour ma mère, je n'étais pas le seul à qui cela arrive et elle n'est pas venue une seule fois me rendre visite pendant les deux mois de convalescence... quant à mon père, on aurait cru que c'était lui qui était gravement blessé...
Bref, le samedi, je suis rentré chez moi avec deux longues vis dans la patte et un plâtre pour tenir tout en place et permettre la régénération des ligaments...
Là, j'ai fait l'expérience de se déplacer en chaise roulante... et des multiples difficultés que cela engendre.
On me retirera les vis le jour de mon anniversaire en mars... et ensuite commença la longue rééducation...
Fin du premier acte.
Deux avril
Toujours avec une béquille mais étant à nouveau en état de marcher un peu, je faisais ma première sortie sous le soleil du printemps à Bullay dans la vallée de la Moselle allemande. C'est aussi ce jour-là, que j'appris que l'ami qui était là le six janvier, était à l'hôpital pour une péritonite aiguë et cela aurait pu très mal se terminer si sa mère ne s'était pas énervée contre les urgentistes qui refusaient de faire un scanner... A une heure près, il serait ressorti les pieds devant!
Vue sur Alf depuis Bullay sur les rives de la Moselle
J'essayai tant que faire se peut de profiter de cette belle journée et me rendis le lendemain à Bruxelles pour lui rendre visite à l’hôpital universitaire...
Fin du second acte.
Pâques
Visite de mes parents et de ma marraine (qui depuis quelques mois a du accepter que mes parents s'installent chez elle, elle n'a pas vraiment eu le choix... et je regrette encore aujourd'hui de ne pas avoir été plus ferme à l'époque car je savais que ça finirait mal!
L'ambiance est électrique... Je décide d'aller faire un tour dans Arlon même si j'ai encore du mal à marcher... A un moment, mes parents prennent de l'avance, se souciant peu de ma marraine et moi-même... Las, on s'arrête sur un banc et là, ma marraine, qui est aussi ma grand-mère maternelle, me raconte ce qui se passe... Il s'agit carrément de maltraitance, pas physique heureusement, et d'extorsion... Je lui parle de "Respect seniors" qui peut l'aider mais il faut que la demande vienne d'elle-même...
Quelques semaines plus tard, alors que je fais quelques courses, je reçois un appel du centre d'aide sociale où une assistante sociale m'annonce que ma marraine est devant elle, complètement démolie psychologiquement... Inutile de dire que mon sang bout. J'explique à l'assistante sociale ce qu'il y a lieu de faire et là très vite les choses vont s'enchaîner. Quelques jours plus tard, nous nous rendons chez son généraliste (qui est aussi celui de mes parents) avec une assistante sociale de "Respect seniors" mais lui, ne voit pas de problème particulier et ne veut pas se mouiller de peur de mal se mettre avec mes parents... La situation va continuer à se dégrader jusqu'à ce lundi matin... J'étais pour le weekend à Köln et avais donné à ma marraine le numéro d'un ami à Liège qu'elle pouvait appeler en cas de problème car je sentais la crise arriver à grands pas... Il n'est pas huit heures du matin qu'il m'appelle pour me signifier que mes parents ont mis ma marraine à la porte de chez elle!
Je reviens dare dare à Liège (heureusement, j'ai pu attraper un ICE pour gagner du temps...
Ma marraine avait pu se réfugier et recevoir à manger chez ma belle-sœur qui habite tout près... Je ne suis pas du genre à m'énerver rapidement mais attention à la marmite qui bout surtout que j'apprends que ma mère, la mère de ma grand-mère, a refusé de donner un verre d'eau sous prétexte que ma marraine ne voulait pas donner sa carte de banque...
Mes parents se comportent, comme toujours en victimes alors qu'ils sont les bourreaux mais cette fois, je décide de ne pas laisser les choses en l'état et décide de porter plainte. Jamais je n'aurais cru devoir arriver à une telle extrémité... et évidemment, la police n'y a vu qu'un conflit de génération...
Restait à trouver une solution d'urgence pour ma grand-mère dont tous les effets avaient été empaquetés par ma mère et posé sur son lit. Par l'entremise de mon ami qui connaissait un médecin qui officiait à l'hôpital de la commune, nous pûmes mettre en sécurité ma marraine le temps qu'une place soit préparée au home tout proche.
Mes parents ont été convoqué par la police pour la forme mais pour ma part, ils faisaient dorénavant partie des personnes infréquentables!
Fin du troisième acte.
Neuf novembre
Petit à petit, la vie a repris son cours, j'ai pu reprendre le travail, avec restrictions, à partir de juin et progressivement, j'ai repris mon activité sportive favorite : la randonnée.
Ce jour-là, la météo est maussade mais rien d'étonnant pour novembre. La brume est épaisse et je vois à peine où me mène la randonnée du jour autour de Clervaux.
Lors d'une balade autour de Clervaux
Sur les hauteurs de Clervaux, au Grand-Duché de Luxembourg, est établie une abbaye bénédictine faisant partie de la congrégation de Solesmes dans la Sarthe. Les moines sont français pour la plupart mais il y aussi quelques belges et luxembourgeois. Chassés en 1901 de France, ils se réfugient au Luxembourg mais seront aussi chassés pendant la seconde guerre mondiale et devront chercher refuge en Belgique.
L'histoire de l'abbaye peut être consultée ici
J'arrive sur l'heure de midi et visite la petite exposition sur l'abbaye qui se trouve dans la crypte. Là est diffusé un CD de chants grégoriens et je vois dans une des vitrines que ce CD est disponible au magasin. Celui-ci ouvre à 14 heures après le repas de midi. Il est 13 heures 30 et je décide d'attendre mais dehors il fait bien frais, je rentre donc dans l'église abbatiale.
Intérieur de l'église abbatiale de l'abbaye Saint-Maurice sur les hauteurs de la petite cité
Comme dans toute église, il y règne un calme particulier et encore plus lorsque l'abbaye est située sur les hauteurs et qu'il n'y a que des bois tout alentour. Je ferme les yeux quelques minutes et profite du peu de chaleur qui vient du chauffage par le sol.
Un vrai moment de sérénité et où je me sens bien pour la première fois depuis longtemps.
A 14 heures, j'entre donc dans le magasin pour acheter le CD en question et là, le Frère Dominique, qui tient la boutique quand le moine attitré est absent pour d'autres tâches, est du genre causant. Il me demande alors d'où je viens et je lui explique que je suis d'Arlon mais originaire de la région liégeoise. Et là, il me dit que lui aussi et il s'avère que nous étions originaire de la même commune!
Me voilà reparti vers le centre de Clervaux, le cœur un peu plus léger après tous ces mois stressants... et cette abbaye allait jouer un rôle important dans les mois et années qui suivent mais ça c'est une autre histoire!
Fin du quatrième acte.
Décembre
Voilà une année bien particulière qui s'achève... Je passerai les fêtes au boulot et c'est très bien comme ça.
Une idée me trotte en tête depuis ma visite à l'abbaye de Clervaux et cette étrange rencontre avec le Frère Dominique. Je me dis que j'irais bien passer quelques jours au printemps dans cette abbaye mais bon, la religion et moi, ça fait deux... J'ai bien été baptisé pour la forme mais je n'ai pas fait de communion... mais est-ce que cela a vraiment de l'importance? L'abbaye accueille chacun dans le respect des convictions de chacun.
L'année s'achève sur un questionnement sur le sens de la vie et des épreuves que l'on subit... du pourquoi de celles-ci et pourquoi, comme d'autres, je n'ai pas une famille unie et aimante... Cette question, je me la posais déjà depuis que je suis gosse car je n'ai pas eu des parents très aimants malgré que je n'ai jamais été source de problèmes scolaires ou autres pour eux...
Vue sur Arlon avec les clochers de Saint-Donat à gauche et Saint-Martin au centre, au coucher du soleil
A suivre...
Toutes les photos de cet article ont été prises en 2011